La santé mentale selon l’Ayurveda et les cinq sens : gardiens de l’équilibre intérieur
- Anne-Sophie Kronenberger
- 28 juil.
- 4 min de lecture
L’Ayurveda propose une vision profonde et nuancée de la santé mentale et la définit ainsi : capacité à se relier à soi-même, aux autres et au monde, avec stabilité, clarté et sérénité. Ce n’est pas seulement "aller bien", mais savoir comment aller bien pour évoluer sereinement.
La santé mentale est définie comme un état de bien-être conscient, stable mais non figé, qui nous permet d’agir pour nous-mêmes et pour les autres sans souffrance ni résistance intérieure.
C'est une présence active, pas une simple absence de maladie.
Ce potentiel est appelé Pravarasatva, c’est-à-dire la force psychique élevée.
C’est une vision profonde dans laquelle les organes des sens jouent un rôle fondamental et souvent sous-estimé.
Selon Caraka (auteur d'un des textes fondateurs de l'Ayurveda), la santé mentale est influencée dès la conception. Lors du coït, l’enfant reçoit la proportion sattvique (pure, lumineuse) des deux parents qui évoluera tout au long de sa vie selon son mode de vie. C’est pourquoi la période de préconception est capitale en Ayurveda : elle conditionne non seulement la constitution physique (Prakriti), mais aussi l’équilibre mental futur.
Le mental : un organe de sens extraordinaire
Dans les textes anciens, le mental (manas) est considéré comme un organe de sens à part entière, tout comme les yeux, les oreilles ou la langue. Il se développe dès le 5ᵉ mois de vie intra-utérine, recevant et traitant les informations transmises par les cinq sens.
🔸Tandis que l’oreille capte les sons,
🔸 l’œil les images,
🔸 la langue les saveurs,
🔸 le nez les odeurs,
🔸 et la peau les sensations,
Le mental, lui, intègre et traduit l’ensemble de ces perceptions pour les rendre agréables ou désagréables. Il agit comme un chef d’orchestre coordonnant tous les instruments sensoriels (l'image, l'odeur, le son, la saveur et la sensation).
Le mental est donc à lui seul organe de sens et organe d'action.
Il n'a pas de forme propre. Il est donc le pont subtil entre le corps (via les sens) et l’esprit.
Selon Caraka Samhita, le mental siège dans le cœur (hridaya), car c’est là que réside la conscience émotionnelle. Lorsqu’il est en équilibre, il filtre les perceptions avec intelligence. Ce n’est pas un hasard : les émotions, les pensées et les désirs prennent naissance dans cet espace central.
Mais quand les doshas du mental : Rajas et Tamas se dérèglent, ce filtre devient biaisé, perturbant nos pensées et nos réactions.
(Oui, il existe 5 dosha : 3 dosha du corps : Vata, Pitta, Kapha et 2 dosha de l'esprit : Rajas et Tamas).
Les 3 qualités du mental : Sattva, Rajas, Tamas
Le mental est façonné par trois Gunas (forces fondamentales) qui influencent notre manière de penser, de ressentir et d’agir :
Guna | Qualités principales | Effet sur le mental |
Sattva | Pureté, clarté, paix, vérité, connaissance | Équilibre, discernement, compassion |
Rajas | Activité, passion, agitation, désir, ambition | Excès d’émotions, attachement, impatience |
Tamas | Lenteur, obscurité, inertie, ignorance | Dépression, confusion, apathie |
Un esprit sain est majoritairement sattvique, avec une juste dose de Rajas (énergie) et peu ou pas de Tamas (inertie).
Sattva ne perturbe pas le mental, il l'élève. Ainsi, il n'est pas considéré comme un dosha.
Et vous, où en est votre mental ?
Pour aller plus loin, évaluez votre équilibre mental en explorant votre profil de Sattva, Rajas et Tamas à travers un questionnaire d’auto-observation.
Un outil simple, non médical, mais utile pour amorcer une meilleure compréhension de soi.
Le lien direct entre organes sensoriels et santé mentale
Nos organes des sens sont les portes d’entrée de l’expérience humaine. Leur usage conditionne la qualité du mental. L’Ayurveda nous alerte sur trois formes de déséquilibres sensoriels qui troublent profondément le mental :
Sous-utilisation :
Vivre dans le silence total, ne rien lire, fuir tout contact sensoriel.
Cela engendre léthargie mentale, perte d’attention, stagnation de Sattva.
Sur-utilisation :
Musique trop forte, lumière bleue en excès, stimulations permanentes.
Cela alimente Rajas, l’agitation mentale, l’insomnie, la nervosité.
Mauvaise utilisation :
Regarder des images violentes, écouter des discours négatifs, porter des vêtements inconfortables.
Cela favorise Tamas, l’angoisse, la confusion ou l’isolement.
De même, le mental lui-même peut être :
Sous-utilisé : ne jamais réfléchir, manquer de curiosité ou d’introspection.
Surutilisé : ruminer, se surcharger d’informations, analyser sans fin.
Mal utilisé : pensées destructrices, auto-jugement, idéation négative.
Prendre soin de ses sens, c’est nourrir directement le mental.
Cela passe par :
Des stimulations modérées, choisies et apaisantes
Des environnements visuels doux, des sons harmonieux, des matières agréables
S'entourer d'odeurs naturelles et agréables
Des routines comme le nasya (huiles dans le nez) ou le netra basti (soin des yeux)
Recevoir régulièrement des massages doux et enveloppants
L’Upanishad Katha offre une parabole intéressante :
Les organes de sens sont les chevaux guidés par les rênes (le mental) faisant avancer la charrette (le corps).
Si choyer et nourrir les chevaux est primordial, il est tout aussi important de s'avancer sur un chemin clair et nettoyé. Ainsi, les textes ayurvédiques évoquent Sadvritta, le code de conduite éthique et mental qui fait référence au chemin que l'on prend.
Des règles simples qui entretiennent la stabilité sattvique :
Dormir à heure fixe, dire la vérité, cultiver la gratitude, lire des textes inspirants, éviter la jalousie, méditer, aimer…
Anne-Sophie KRONENBERGER
Praticienne en Āyurveda spécialisée en bien-être féminin et périnatalité Āyurvediques
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⚠️ Attention : Ce contenu ne remplace pas un avis médical.
En cas de doute ou de trouble mental, consultez un professionnel de santé qualifié. L’Ayurveda est une approche complémentaire, non exclusive.
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